1796

Extraits du registre de délibérations de Creney

(Archives de l'Aube, E dépôt 115/1)

le 19 avril : Acte d'assemblée communale.

L'an quatrième de la République française une et indivisible le vingt huitième jour du mois de germinal au lieu ordinaire à tenir les séances municipal dela commune de Creney, où étaient les citoyens composant laditte commune après l'avertissement fait au son de la caisse par ledit agent municipal à l'effet d'avertir tous lesdits citoyens de se rendre audit lieu pour entendre ledit agent au sujet de l'action du citoyen Jacques Hérard cultivateur domicilié audit Creney contre la Commune en demande faite par ledit Hérard suivant son mémoire fourni à laditte commune et par la citation notifiée à l'agent municipal en datte du douzième jour de germinal par Guénon, à lui payer une somme de vingt trois mille neuf cent livres en assignats, ou celle de cent quatre vingt livres en numéraire, pour journées et avances faites par ledit Hérard qui dit avoir fait suivant son mémoire

1° Après avoir entendu l'agent municipal ledit Hérard a promis audit Finot agent qu'il n'était point nécessaire de se rendre au lieu de l'audiance du Tribunal du Juge civil du département de l'Aube ledit jour cité pour voir et entendre laditte commune à être condamné à payer audit Hérard laditte somme de vingt trois mil neuf cent livres en assignats ou celle de cent quatre vingt livres en numéraire pour lesdites journées et avances faites pour la commune par ledit Hérard, député nommé par délibération en datte du

Pour poursuivre l'instance intenté contre les citoyens administrateurs du département de l'Aube pour une pièce de pré contenant douze arpents ou environ provenant de l'émigré Jeanson de Saint Parre au tertre par transaction passé entre ledit Jeanson et la commune de Creney

2° Ledit agent ayant représenté un mémoire fourni par ledit Hérard au citoyen composant laditte commune auquel ayant trouvé des journées excédant les faite et qui sera réduit en moins

3° Après avoir conféré entre ledit agent et les citoyens, ont répondu qu'il était nécessaire de poursuivre l'action dudit Hérard syndic contre la commune de Creney auquel lui donne plein et entier pouvoir et l'authorise à poursuivre laditte action et ont signé avec nous Louis Denis Beuve adjoint nommé par les citoyens de laditte commune à vois éligible ledit jour susdite auquel il a accepté et a signé.

à ce présent et acceptant pour lui et ses héritiers ou ayant cause :

Le domaine national dont la désignation suit : savoir Les bâtimens formant la basse cour du ci-devant presbitère de la commune de Creney, dont sur la soumission de les acquérir faite par ledit citoyen Thiénot en date du 29 fructidor dernier l'expertise en exécution de notre arrêté du 8 vendémiaire, a été fait par les cit. Claude Morin demeurant à Vailly expert par nous nommé et Pierre Geoffrin entrepreneur de bâtimens à Troyes expert nommé par ledit acquéreur en présence du citoyen Edme Debary commissaire du pouvoir exécutif près l'administration municipale du canton de Creney suivant leur procès verbal du treize vendémiaire présent mois enregistré à Troyes le même jour par Henry

D'après laquelle expertise ledit bien consiste dans les bâtimens formant la basse cour du ci-devant presbitère de Creney dont l'un desdits bâtimens situé au levant dudit presbitère sur la rue portant quatre vingt sept pieds de longueur sur vingt sept pieds et demi de largeur hors d'oeuvre, et construit en mur sur ladite rue dans toute sa longueur, et tout le surplus en bois couvert en paille, distribué en une grange au bout au midi est une écurie ensuite avec grenier au dessus une bergerie à côté, une vinée ensuite et une écurie au bout

Au retour duquel bâtiment au couchant à son extrémité au nord est une autre grange construite en bois couverte en paille ayant cinquante sept pieds de longueur sur vingt six pieds de largeur le tout hors d'oeuvre, un appentis de laquelle au midi sur la cour un rang à porcs et deux poulailliers, aussi construits en bois couverts en paille

Lesdits bâtimens et dépendances estimés par lesdits experts valoir en 1790 en revenu annuel la somme de trente cinq livres

Qui multiplié par dix huit fois d'après la loi donne en capital la somme de six cent trente livres

Par lequel procès verbal d'expertise ledit C. Thienot a consenti de supprimer toutes les portes et entrées desdits bâtimens donnant sur la cour de l'administration et s'est engagé à s'en procurer sur la rue pour ne causer aucun trouble aux travaux de ladite administration.

Vente des dépendances du presbytère

( Le presbytère servait maintenant à l'administration du canton et à la justice de paix).

****** VENTE DU CHATEAU DE CRENEY ******

(document non daté)

...Soumission faite par le citoyen Jean-Baptiste Paris, demeurant à Troyes, à I'effet d'acquérir les biens ci-après détaillés, dépendant ci-devant du domaine seigneurial de Creney, à savoir :

Une maison seigneuriale, sise à Creney, consistant, en entrant dans la cour par une grande porte cochère ayant face au couchant ; d'icelui, une grande salle à feu ayant vue au nord ; à côté au couchant une autre salle sans cheminée ; à côté de la porte d'entrée du corridor une salle à côté d'icelle, cave dessous ; à côté de ladite cuisine une dépense, un cabinet à côté de ladite dépense et un scellier, pavées en carreaux de terre.

Dans le corridor est un escalier en bois montant au second (!) étage, dans lequel est audit étage au milieu un grand vestibule formant salle à manger ayant vue sur le parc au nord ; au levant une petite salle à cheminée ayant vue sur la cour au midi, une garde robe à côté, au nord d'icelle une autre salle à feu, cabinet et lambris, tenant à icelle, une dépense à côté en planches et croisée, au couchant du corridor dudit étage sont deux grandes chambres à feu lambrissées, et armoires à côté des cheminées ; le tout plafonné de deux étages, et toute les chambres en lambris, tout autour et armoires à côtés des cheminées.

Au-dessus desquels chambres et cabinets dudit second étage est un grenier contenant I'espace de toute la maison et le tout couvert en tuiles.

Dans la cour au nord, lieux d'aisance à côté du portail d'entrée, au midi deux écuries en bois, au nord une laiterie, à côté d'icelle, suivant au nord pour rejoindre la maison des grandes remises, rangs à porcs, une petite écurie, un poulailler, le tout en bois et couvert en tuiles.

Dans la cour au levant, un jardin potager fermé de murs, espaliers autour en arbres de différentes espèces, et autres à hautes tiges, dans lequel jardin est un colombier en pierre.

Consistant ledit jardin en trente cinq cordes environ de terres, clos ou terres labourables, allées de charmes, frênes et autres arbres et bois, tenant du levant à plusieurs autres particuliers, du couchant à une avenue mitoyenne avec la pièce de sept arpents soixante dix neuf cordes, d'un bout du midy sur la cour et bâtiment de la ferme de Louis Pley, fermé par un mur en pierre, d'autre au nord à des terres ; le tout fermé de haye vives.

Consistant lesdits terrain, cour, emplacement. des bâtiments, jardins, parc, fossés, avenues, terres labourables, en douze arpents quatre vingt quatorze cordes.

Ledit lot estimé quinze mille cinq cent livres, par procès verbal d'expert...

Voici le plan du château tel qu'il apparaît sur le cadastre napoléonien conservé aux archives de l'Aube (accessible sur Internet). Il ne figure plus sur le cadastre qui en a été tiré à la même époque et qui est conservé à la mairie (décision de 1807, achevé en 1838). Tous les bâtiments sauf un portent la mention au crayon de papier : "démoli". On voit également sur ce plan le découpage en différentes parcelles qui a résulté de la vente du terrain. On peut donc penser que le château a été démoli entre les premiers relevés et la publication définitive. On observera sur ce plan l'entrée monumentale à partir de la rue d'Enfer (actuelle rue de la République), face au bâtiment principal formant de curieux recoins. Avec ses deux ailes, ce bâtiment mesurait environ 35 mètres de long. L'aile gauche, en retour, s'ouvrait d'un passage permettant d'accéder à l'allée ou nouveau chemin de Vailly (actuelle allée des Martyrs de la Résistance) et aux terres cultivées de la ferme du château. On notera également la longueur du bâtiment de droite, et la longue grange située à proximité de la rue d'Enfer, dont seule la moitié contenant un numéro a été conservée (cette grange, ou celle qui l'a remplacée, a été démolie il y a quelques années).

La photo (vue aérienne google earth) montre les constructions actuelles sur l'emprise du château. Repérez en bas l'inscription "Rue de la République". Le porche se trouvait au niveau des mots : "de la".