Les seigneurs de Creney
Les renseignements proviennent du "Roserot", le Dictionnaire historique de la Champagne méridionale, oeuvre de monseigneur Roserot.
La famille de Clérey
Avant 1224, le seul seigneur connu est le Comte de Champagne.
En février 1224, il donne à Jacques de Durnay des revenus à Creney, en échange de droits sur Bar Sur Seine.
En 1240, le Comte de Champagne achète à Jean de Crécy tout ce qu’il possédait à Creney : la seigneurie de Creney était donc déjà morcelée.
Vers 1250, Perrin de Clérey, Jeanne de Chu ( Yonne )et Geoffroi de Saint Martin avaient des droits sur une partie de Creney.
En 1263, Perrin de Clérey, vicomte de Ligny le Châtel et son fils Jean possèdent Clérey, Creney et Chu . En 1270, Jean de Clérey, son frère et son cousin donnent à l’hôpital Saint Nicolas de Troyes leurs coutumes et hosties (parcelles maisonnées entourées de terres cultivées ) de Creney, près de la grange dudit hôpital.
En 1274, Madame Felise, femme de Gilon de Joirel ( Joiselle, Marne ), possède à Creney des cens, coutumes, terrages.
La famille de Foissy
En 1374, Jean de Foissy, écuyer, bailly de la Montagne, achète à Agnès de Clérey tous ses droits à Creney. Il rachète aussi les droits royaux, anciens droits du Comte de Champagne sur Creney. En 1378, il confie à Geoffroi de Piney, écuyer, une partie de ce domaine désignée sous le nom de « fief d’Enfer » comprenant une maison et ses dépendances. Ce fief d’Enfer a été racheté par Henri de Foissy vers 1510.
Creney a appartenu à la famille de Foissy jusqu’en 1623, date de la mort du dernier du nom, sans héritier direct.
Membres de cette famille :
Jean de Foissy le Jeune, seigneur de Chamesson, capitaine de Chaource, lui succède (de 1400 à 1453).
Viennent ensuite Hugues de Foissy, seigneur en partie de Villemereuil, maître-veneur et maître-sergent des forêts d’Isle et de Chaource, puis son fils Henri, capitaine de Chaource. Gaucher, fils de Henri, gentilhomme de la maison du roi et son maître d’hôtel ordinaire. Enfin, Hélion, mort sans enfants.
La famille de Vienne
Charles Lescot, neveu de Hélion, revend tous ses droits en 1643, à Hug de Meung de La Ferté : les enfants de ce dernier revendent en 1672 à Louis II de Vienne, seigneur de Géraudot. Creney appartiendra à cette famille jusqu’à la Révolution. L’acte passé devant Rousselot notaire à Troyes mentionne château seigneurial, jardins, enclos, terres, moulin à vent, justice haute moyenne et basse, pressoir…
Louis II de Vienne était lieutenant particulier au bailliage de Troyes.
Son fils Pierre de Vienne était seigneur en partie d’Argentolle, conseiller duc au Parlement de Paris, abbé de Saint Martin ès Aires.
Louis III de Vienne, frère de Pierre, était conseiller d’honneur en la grand chambre du Parlement.
Charlotte-Elisabeth de Vienne, sa fille, épouse Jean Baptiste Fleuriot, comte de Morville, ministre d’état.
Marguerite-Charlotte Fleuriot de Morville, leur fille, épouse Pierre-Emmanuel, marquis de Crussol.
Ces familles qui possédaient de vastes domaines ( Géraudot, Lesmont… ) vivaient sans doute plus souvent à Paris ou à Versailles que dans notre région. Elles ne se désintéressaient cependant pas de Creney, et cherchaient à valoriser les terres en y appliquant les idées de progrès développées à cette époque : en témoigne l’assèchement du marais dont il sera question plus loin. Après la Révolution, il est souvent fait mention des terres de la Citoyenne Crussol…
Seigneurs usufruitiers :
La famille de Vienne louait le château de Creney, les biens et les droits qui y étaient attachés afin d’en tirer un revenu. Ainsi, en 1734 le domaine est loué, pour sa vie et celle de sa femme, à Claude Meallet, procureur du roi en la maîtrise des Eaux et Forêts de Troyes. L’acte du notaire indique un vieux château, basse cour et bâtiments pour le logement d’un fermier, les terres de la ferme du château soit 155 arpents, un gagnage (pâturage) de 83 arpents près de l’église, d’autres gagnages de 96 arpents, 40, 20, 19, 14, 11, 3, 1..., une vigne de 1, 95 arpents ( non louée ), soit au total 437 arpents de terres
( Dans l’Aube, 1 arpent correspond à 43 ares, ce qui donne un domaine agricole d’environ 180 hectares ! ). En prime, Meallet disposait d’un saussaie
( terrain planté de saules ) lieudit la rue d’Enfer, de revenus sur le moulin à vent, sur la maison « Beuve », du droit de pêche et de chasse dans l’étendue du marais de Creney, du droit de haute, moyenne et basse justice. Bien qu’étant seulement locataire, il décide de se faire construire un nouveau château, ce qui est raconté dans un autre chapitre…
En 1777, c’est Antoine-Gaspard Darancy, ancien exempt des Gardes du Corps, qui est dit seigneur usufruitier de Creney, demeurant en son château dudit lieu.
Les blasons : 1) Foissy 2) de Vienne 3) Fleuriau de Morville 4) de Crussol d'Uzès
Les seigneurs d'Argentolle
Roserot indique des personnages qui portent le nom d’Argentolle et qui ont pu en être seigneurs, au moins en partie : Jean d’Argentolle vers 1172, Drouin d’Argentolle et son fils Jean en 1238.
En 1250, Guiot de Courgerennes était seigneur d’Argentolle, au moins en partie. En 1263, Pierre de Clérey a des hommes, des rentes et la justice à Creney et Argentolle.
La seigneurie passe ensuite à Jean Bonvalet, puis aux enfants de Jean de Marigny en 1398, à Guillaume Huyard, avocat du roi avant 1504, ses enfants, petits-enfants, son arrière-petite-fille Yolant Cadet, épouse de François 1er Escarlatte, avocat du roi et bailli de Jaucourt puis d’Isle.
En 1579, Marie d’Avelus, descendante de la famille Escarlatte, épouse de Nicodème Nico, greffier des foires de Troyes. En 1602 leur fils, Timothée Nico, moine à Quincy, et sa sœur Marie, femme Le Gras. Jacques Le Gras, écuyer et seigneur de Nuisement, fils des précédents, et sa sœur Marie, épouse de Charles de Vitel.
Le château était alors « une motte close de fossés » d’un arpent et demi,« avec maison, grange, estables et collombier à pied ». Il est aussi question d’un moulin à eau, tenant à la rivière qui vient des étangs et fossés.
En 1676 les enfants de Vitel vendent à Louis de Vienne, seigneur de Géraudot, qui avait déjà racheté la seigneurie de Creney.
D’autres seigneurs disposaient des anciens droits royaux : François 1er Escarlatte en 1543, puis Edme 1er de Cahier, seigneur de Frampas, Claude de Cahier, Edme II de Cahier qui se plaint du peu de rapport de ces titres attendu qu’il n’y a que dix ou douze maisons audit Argentolle. De 1688 à 1742, des droits passent à la famille d’Aulnay.
En 1742, Marie d’Aulnay donne à bail la maison seigneuriale et ses dépendances avec 120 arpents de terres et 50 de prés. En 1743, Mme veuve de la Porte et sa sœur se rendent adjudicataires de la mairie royale et des droits de bourgeoisie. Les descendants avaient encore ces droits à la Révolution.
En 1809 l’état du recensement des portes et fenêtres indique que le château appartenait à Monsieur ANGENOUX. Les descendants de cette famille possèdent toujours le château